Du septième et du premier hiver, la boucle qui ne se boucle plus

    Le quatre février 2012, j'ai été  hospitalisée suite à une tentative de suicide. Le 19 novembre 2017 de même, pour les mêmes raison. En 6 ans, rien n'a changé, la neige tombe toujours, le 6 février, comme un scénario qui se répète, comme une boucle, qui ne se boucle plus.


   Hier cela faisait six ans que la psychiatre est entrée dans ce box, a posé un paquet de feuilles sur son bureau, avant de dire d'une voix monocorde "Zoë est anorexique, elle souffre également d'une dépression infantile et d'un trouble anxieux".
Cinq ans et demi plus tard, une autre interne, dans un tout autre hôpital, à annoncé le même diagnostic, à quelques mots prêts: "Madame T, vous êtes atteinte d'une sévère dépression nerveuse, d'anorexie atypique, de boulimie et d'un sévère trouble anxieux social, vous devez être hospitalisée en psychiatrie".
Six années séparent ces deux événements, six ans plus tard la neige tombe également, et bloque également les routes. Six années plus tard, la souffrance n'est que pire. Six années plus tard, j'ai grandi, mûrit, vécu de nouvelles choses, mais j'ai mal, encore plus mal. J'aimerai hurler ma rage, ma douleur, ma colère face à ces médecins qui n'ont rien fait, contre ces médicaments qui ne fonctionnent pas, ces gens qui jugent mes absences à la fac, mais surtout ma douleur, tellement profonde, tellement ancrée, cette douleur que je n'arrive plus à ressentir physiquement, elle restera donc, bien ancrée en mon âme.
J'ai mal aujourd'hui, j'ai tellement mal.
Six ans et un jour plus tard, j'ai reçu mes résultats de partiels: j'ai obtenu mon premier semestre de justesse, même avec un mois d'absence. J'aurai pu me réjouir, être fière de moi. Mais je ne le peux pas. Parce que j'ai mal, j'ai tellement mal.
Six ans plus tard, je vais au cinema, je m'abrutis à travers la souffrance d'autres pour ne plus ressentir la mienne.
Six ans plus tard, je bois pour ne plus penser.
Six ans plus tard, j'inspire chaque soirs, de grandes bouffées de ce gaz, qui me fait fuir quelques minutes mon angoisse et ma souffrance quotidienne.
Six ans plus tard, les néons, la musique et les mouvements de foule m'angoissent, je ne m'y sens toujours pas à ma place.
Cinq ans et demi plus tard, l'hôpital est toujours un lieu effrayant, le service de pédo-psychiatrie à laissé sa place au service de psychiatrie adultes, où les cris résonnent, où les patients souffrent, où l'on s'ennuie, où la douleur prend tout le temps, toute la place.
Six ans plus tard le sommeil est toujours absent.
Six ans plus tard, je n'aime plus, je ne m'apaise toujours pas.
Six ans plus tard, l'espoir a disparu.

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